Voici donc les bases et les objectifs de mon projet. Je ne me fais pas d’illusion, tout ne se fera pas la première année, par manque de temps en premier lieu (je poursuis mon emploi actuel à temps partiel pour la première année), et également par la limitation financière, car l’investissement initial, même s’il est bien moindre que la mise en place d’une grosse exploitation traditionnelle, reste tout de même important.
A force de réflexion et avec le temps, les pièces du puzzle se sont rapprochées. La première chose que j’ai entreprise est la recherche de parcelles à cultiver… Chose qui n’est pas aisée car même si le nombre d’agriculteurs baisse en France, ceux qui restent ont tendance à s’agrandir pour augmenter leur production, mais aussi pour la course aux subventions qui sont en partie calculées par rapport à la surface exploitée. La parcelle qui est juste à côté de chez moi m’intéressait naturellement, mais après avoir recherché le propriétaire et pris contact avec lui, il ne voulait pas vendre. Mais il m’a donné le nom d’un propriétaire d’une parcelle qui pouvait m’intéresser. Après avoir recherché ses coordonnées, je lui ai finalement préparé un courrier car je ne parvenais pas à le joindre. Il m’a finalement recontacté quelque temps plus tard et après lui avoir expliqué ce que je désirais, on a convenu d’un rendez-vous. Je ne vais pas détailler toutes les entrevues, mais on a fini par se mettre d’accord sur 2 parcelles. Cette personne est, soit dit en passant, quelqu’un de très sympathique et agréable. On est finalement passé chez le Notaire pour signer un compromis de vente, mais l’achat réel ne peut avoir lieu que 2 mois plus tard, délai obligatoire pour la SAFER qui peut faire jouer son droit de préemption si un agriculteur est intéressé par ces parcelles. Rien que cette période de prospection de terrains a pris près de 6 mois…
Entre temps, je me suis renseigné sur la création d’une exploitation agricole, les différents statuts qui existaient, les démarches à entreprendre… J’ai donc pris contact avec la personne concernée de la chambre d’Agriculture pour demander un dossier de création d’exploitation en confirmant le statut choisi. Le fait d’être diplômé de BTS agricoles facilite les choses, car dans ce cursus, on apprend à gérer une entreprise. J’ai pris contact avec Ecocert, pour connaître le coût, les démarches et conditions pour être certifié BIO et obtenir le dossier à remplir. Je me suis rapproché également du Maire, pour savoir si j’avais des actions particulières à faire en Mairie, mais concernant l’implantation d’un tunnel, la décision est déléguée à la communauté de communes. J’ai donc contacté les personnes concernées afin de connaître la démarche à suivre. J’ai dû remplir un dossier (encore un !) de déclaration préalable qui doit avoir un retour favorable pour avoir la possibilité de mettre en place le tunnel. La demande a été faite début janvier, et je suis obligé d’attendre, avant de pouvoir confirmer le devis demandé pour le tunnel de 240m2. En espérant pouvoir monter le tunnel avant la fin du mois de mars ... et on est début janvier : délai maximal pour la réponse... un mois !
Étant quelqu’un qui essaye d’anticiper au maximum, j’ai donc commencé à investir dans mon projet en achetant des semences, du matériel pour la mise en place du verger, pour la production d’énergie photovoltaïque (car le tunnel ne sera pas relié au réseau électrique), mais aussi passé beaucoup de temps à rechercher un agriculteur qui vendait du foin de prairie naturelle et non traité. J’en ai finalement trouvé un et je me suis déplacé pour voir, pour prendre contact et montrer que j’étais réellement intéressé (d’autant plus que c’est du foin de prairie classée Natura 2000 sur lesquelles aucun traitement n’est autorisé). J’ai donc pu lui réserver 30 balles de foin. Mais il restait encore à trouver un transporteur… ce qui n’est pas le plus facile. L’objectif étant d’en trouver un localement pour réduire les distances et donc les coûts et qui transporte du fourrage. Après en avoir contacté un pour prendre des renseignements, j’ai rappelé plusieurs fois, mais il ne répondait jamais, et ne rappelait pas pour donner suite aux messages laissés. J’ai donc dû relancer la recherche d’un nouveau transporteur, que j’ai trouvé, même un peu plus proche…début décembre.
C’était début novembre, la signature chez le Notaire. Et j’ai demandé à faire une SAFER rapide afin de réduire le temps à 1 mois au lieu de 2… moyennant finance malheureusement. Au bout de 5 semaines, je n’ai aucun retour concernant la décision de la SAFER, et le notaire n’a pas eu d’information. Je suis finalement contacté par une personne de la SAFER qui me pose des questions sur le motif de l’achat des terrains, dans quel cadre… J’ai compris qu’un agriculteur s’était positionné comme étant intéressé par ces parcelles. J’ai supposé qui il était, mais sans aucune certitude, car le nom n’a jamais été communiqué. Afin de fournir des informations complémentaires sur mon projet, j’ai essayé, avec beaucoup de difficultés, de recontacter la personne de la SAFER. Elle m’a finalement dit de lui écrire un mail avec ce que j’avais à ajouter. J’ai passé 6 mois à trouver des terrains pour un projet qui m’est cher, et quelqu’un arrive pour être servi sur un plateau. En dehors des investissements déjà faits, je ne trouve pas ça normal d’avoir dû faire toutes ces démarches et passer autant de temps pour les voir passer sous mon nez. Et si je ne les obtenais pas, j’aurais coupé court à ce projet qui n’aurait pas été viable si je partais sur d’autres parcelles, qui n’auraient pas été aussi bien situées. La création de l’entreprise était en cours avec le dossier renvoyé. J’ai donc passé, en 2 fois, près de 4 heures à rédiger 2 courriers avec le projet que j’avais, mes motivations sans failles, que j’irais jusqu’au bout pour arriver à concrétiser ce projet qui représente mon avenir et qui a été réfléchi depuis plus d’un an et demi... que ce n’était donc pas sur un coup de tête. Juste avant les congés de fin d’année, le jeudi, je contacte le Notaire pour savoir s’il a eu des nouvelles et lui demande de contacter la SAFER, me disant qu’il arriverait peut-être à avoir une décision que je n’arrivais pas à obtenir. En fin de journée, la décision est prise… et c’est vraiment un grand soulagement quand on m’annonce que la SAFER a finalement renoncé à son droit de préemption. A partir de ce moment, je recontacte le transporteur pour fixer une date. Il n’est pas là et doit me recontacter en fin de journée… mais rien. La semaine suivante, j’essaye désespérément de le joindre sans succès. Entre temps, je garde toujours contact avec la personne à qui j’ai réservé le foin pour lui confirmer que je le prenais toujours. Et avec la personne que j’ai trouvée pour me décharger le camion, afin de voir pour ses disponibilités.
Finalement, les 2 semaines passent sans pouvoir rien faire…
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